Paroles de thérapeute… Marie-Claude Ozanne

De la musique à la psychanalyse, en passant par l’enseignement et la relaxation, Marie-Claude Ozanne est une femme aux multiples « vies » et au parcours inattendu, dont le fil rouge est l’écoute toute particulièrement attentive de l’Être humain et le retour à soi.  Elle nous partage ici ses chemins et son approche.

Question : Au regard de ton parcours de musicienne, enseignante, écoutante, psychanalyste, relaxologue… l’impression d’une multitude de « vies » se dégage. Pourrais-tu nous éclairer sur ces passages d’une « vie » à l’autre ?

M-C.O : En tant qu’enseignante en éveil musical pour le compte de l’Éducation nationale dans un premier temps — métier dans lequel je me suis passionnément investie — j’ai été gagnée peu à peu par le découragement face à l’incompréhension manifeste de nos responsables politiques successifs quant aux apports considérables de l’éveil et de la pratique artistique pour le développement de l’enfant et de l’être en général. Un temps partiel m’a permis de compenser ce découragement en me consacrant davantage à ma pratique musicale personnelle puis de démarrer un travail intérieur sous la forme d’une Psychanalyse active, laquelle  déboucha rapidement sur un objectif professionnel. Faute de contribuer à hauteur de mes attentes au développement harmonieux de la société grâce à la pratique d’un art par les enfants, j’ai été stimulée par l’idée d’aider les adultes à retrouver l’équilibre dont la souffrance les a éloignés. Faute de pouvoir contribuer à construire (par la médiation d’un art), j’ai été en quelque sorte intéressée à contribuer à réparer (par des chemins plus directs)…
Pendant cette phase de transition et de « changement de vie », j’ai découvert le métier d’écoutante à « Drogues info service » et « Sida info service ». J’y ai appris beaucoup sur l’humain.
En parallèle à mon « cursus » d’analyste et suite à la conférence d’une relaxologue qui m’a beaucoup parlé, j’ai eu envie de me former à la Relaxologie appliquée de Françoise Grimaud, approche holistique de la relaxation qui a été une étape importante aussi.

Début 1997 je me mets finalement à mon compte en temps que psychanalyste et relaxologue. En tant que formatrice également car, issue de la formation de formateurs dans l’Éducation nationale, je n’ai jamais cessé de faire de la formation d’adultes, formation continue au sein d’organismes divers ou à mon compte.

 

Question : Au-delà des passages d’une étape de vie à une autre, comment relies-tu dans la pratique les différentes modalités thérapeutiques qui sont les tiennes ?

M-C.O : Je donnerai juste quelques illustrations.
Dans mon approche de la psychanalyse, la relaxation guidée peut favoriser le travail « d’association libre ». Elle peut aussi, notamment en fin de cure, aider la personne à passer à l’action pour transformer certains comportements qu’elle souhaite modifier. Cela revient à installer une phase cognitivo-comportementaliste en fin de cure analytique, ce qui va plus loin que le cadre orthodoxe et habituel de cette pratique. La relaxation, en tant que pratique psycho-corporelle, m’aide enfin à voir dans la posture de la personne ou sa respiration des aspects qui servent la thérapie.
Je me suis formée un peu plus tard avec Gilles Fournil à l’olfactothérapie par les huiles essentielles, et celle-ci est un excellent support à « l’association libre » car le sens olfactif est en lien physiologique direct avec le cerveau limbique (celui de la mémoire). L’odorat est donc un sens privilégié pour accéder aux mémoires émotionnelles et aider à en diminuer l’intensité traumatique. Je ne peux pas entrer ici dans les nuances de cette pratique mais des déblocages importants peuvent ainsi se faire  grâce à  elle.
Dans les accompagnements en coaching psycho-vocal, les pratiques corporelles et verbales se mêlent pour aider la personne à cheminer vers une aisance vocale qui lui manque.

 

Question : Les arts justement (musique, danse, expression graphique, arts martiaux…), qui colorent nettement ton parcours, trouvent-ils leur place dans le cadre de ta pratique thérapeutique et de quelle manière ?

M-C.O : L’expression à médiation artistique était un axe très important dans mes stages de développement personnel, et sous des formes très diverses. En accompagnement individuel les arts sont nettement moins présents et cela me manque. C’est quelque chose que j’aimerais explorer et développer davantage aujourd’hui…
Depuis peu, notamment en coaching psycho-vocal, je peux à l’inverse enrichir la recherche d’une expression vocale juste par un travail thérapeutique au service de l’objectif musical, et c’est aussi passionnant !

 

Question : Dans ta présentation sur le site de la villa Pagnon, tu n’évoques que très peu les notions d’intériorité et de reliance, pourtant elles apparaissent en filigrane dans tes diverses expériences : art, “relax’reliance”, “rando-conscience”… Peux-tu nous parler de ta relation à cette intériorité ?

M-C.O : Question difficile mais pertinente… J’entends la notion d’intériorité comme une capacité à se mettre en lien avec les différents aspects de soi-même, et au-delà à percevoir ce qui nous relie aux autres, à notre environnement, à ce qui nous dépasse.
J’accorde une importance particulière à prendre soin de notre vie intérieure. Pour les adultes cabossés et blessés que nous sommes, elle est une clé essentielle sinon la clé de tout ! Tout travail psychique tricote et détricote des choses fondamentales dans notre intériorité en tant qu’intime.
Au-delà de ça, pour percevoir le sens de ce que je vis ou de ce dont je suis témoin, pour composer avec l’insupportable en moi et autour de moi, pour assumer qui je suis dans ma grandeur et ma souffrance, pour accueillir le merveilleux de la Vie et ce qui est vivant en moi et autour de moi, il me semble précieux de rechercher, percevoir, tisser des liens entre les éléments qui composent ma réalité, et entre ma conscience et mon vécu.
Ce « tissage d’intériorité » se fait très naturellement avec les outils de relaxation par exemple, qui permettent aux personnes de recréer du lien avec elles-mêmes, entre elles et les autres, entre elles et la nature. La relaxation est une ouverture sur le « qui suis-je ? ». L’écoute de la respiration est en lien avec l’intime, et comme toute porte qui s’ouvre sur l’intime, elle peut être un seuil magnifique ou au contraire générer de l’anxiété.
Quant au cheminement et aux outils thérapeutiques, ils permettent une réappropriation progressive de ces morceaux de nous-mêmes que nous avons laissés sur le bord de la route pour continuer à avancer, parce que nos blessures ont créé des coupures avec des parties de nous-mêmes. Finalement ils permettent de refaire une place à cet intérieur, de lui redonner vie.
J’ajoute que vivre coupé de la nature est une source de souffrance au même titre que de vivre coupé de soi-même, avec des conséquences individuelles et collectives non négligeables.
Nous vivons globalement, à cause de nos blessures, dans l’illusion d’une séparation entre les autres et nous-mêmes, entre la nature et nous, entre nous et nous (par inconscience de ce qui fait lien), et cela crée d’autres blessures. Il nous faut rassembler les « morceaux épars » de nous-mêmes et du monde, et nous mettre, inlassablement, en chemin vers l’unité…

 

Le mot de la fin

Juste envie de te dire merci pour les réflexions que tu as su susciter et pour la profondeur de ton questionnement !  J’espère que cela donnera aux lectrices et lecteurs l’envie de découvrir plus avant les approches proposées par les thérapeutes de la villa Pagnon, laquelle est un lieu de bien-être en même temps que d’ “essentialité”.

 

 

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