Paroles de thérapeute… Alain Brunache : Advaïta-Vedânta et Gestalt-thérapie

Alain Brunache, titulaire d’une double certification franco-guinéenne de musicien percussionniste et certifié en Gestalt-thérapie, est engagé depuis 1985 sur la voie de l’Advaita Vedanta (non dualité). Ce mois-ci, il nous présente son approche à la croisée de ces différents chemins : La conscience de l’infini.

 

Question : Dans ton approche, comment le lien se fait-il entre Advaïta-Vedânta et Gestalt-thérapie ?

 

A.B : l’Advaïta-Vedânta présente 2 axes : la pratique de la présence et l’accueil de ce qui est.

La Gestalt-thérapie constitue un apport pratique à l’enseignement de l’Advaïta-Vedânta car elle invite à la conscience de l’expérience immédiate, qui amène une plus grande présence.

 

Question : Tu as écrit un livre de méditations non-duelles, comment la non-dualité trouve-t-elle sa place dans ces 2 approches ?

 

A.B : Dans Advaïta-Vedânta, l’étymologie du mot Advaïta est la suivante : Ad est le privatif de Dvaïta (dualité) et donc Advaïta veut dire non-dualité.

La non-dualité correspond à un niveau de conscience, une façon de percevoir l’existence sans séparation où l’unité qui sous-tend toute chose est perçue. Goûter à ce niveau de conscience, c’est faire une expérience non-duelle.

La Gestalt-thérapie s’intéresse aux perturbations de ce qu’on appelle « la frontière contact », c’est à dire aux dysfonctionnements entre « moi », et « mon environnement ». Guérir ces dysfonctionnements rejoint la philosophie de l’Advaïta-Vedânta car dans les deux approches la finalité est non-duelle : être réunifié et réaliser qu’on ne fait qu’un avec le tout.

 

Question : « L’enjeu est-il de devenir ou d’être ? », cette phrase que l’on peut lire en sous-titre sur ta plaquette de présentation, de quelle manière vient-elle illustrer la spécificité de ton approche ?

 

A.B : « Être » est intemporel et donc hors du « devenir ». « Être », c’est être ici et maintenant, dans la conscience de l’expérience immédiate.

Quand j’investis le « Devenir » en oubliant le présent, je cherche dans le futur et ne suis plus dans « l’être ».

Les découvertes récentes des neurosciences au sujet des expériences d’éveil spirituel, nous révèlent que ce ne sont pas les mêmes canaux neuronaux qui sont empruntés lorsqu’une personne est dans « l’ici et maintenant » que lorsqu’elle se projette dans le futur.

Dans « l’ici et maintenant », et plus précisément dans l’accueil de l’expérience immédiate, nous sommes dans les canaux de « l’être ». Ici, la souffrance, le deuil et la maladie sont vécus différemment : Toutes les expériences, même celles qui sont habituellement perçues comme indésirables, prennent sens et s’accompagnent d’un sentiment de plénitude, « là où plus rien ne manque »…

 

Question: Comment se déroule une séance ? Tout le monde peut il bénéficier de cette approche ?

 

A.B : Oui, toute personne en souffrance, en quête de sens, de plus vaste ou intéressée par ce qui se joue réellement sous l’apparence des choses peut s’engager dans ce travail.

Le déroulement de chaque séance est différent ; On part cependant toujours de là où en est la personne qui vient consulter ; elle est accompagnée pas à pas dans l’objectif de vivre en conscience son ressenti immédiat et de passer de la souffrance à la présence.

À partir de la problématique ou du thème qui anime la personne en séance, un travail de contact profond avec sa conscience, son émotion et son ressenti corporel commence : le non-conscient se donne alors à voir et la nouveauté vient prendre place dans les situations qui semblaient figées et sclérosées.

Une grande part du travail consiste à apaiser ou accepter son expérience présente. L’accueil de la réalité immédiate ouvre des perspectives positives et des solutions non-violentes face aux situations tendues.

En outre, des exercices de respiration, d’enracinement, des temps de silence et de méditation peuvent être proposés pour faciliter les conditions de mise en confiance et de déploiement de la conscience.

 

Références bibliographiques :

  • « Le chaos et l’ivresse – confidences non duelles ». Alain Brunache. Editions ALTESS.
  • « Le grand livre de la Gestalt ». Chantal et Gonzague Masquelier. Editions Eyrolles.  
  • « ABC d’une sagesse ». Svãmi Prajñânpad. Editions Albin Michel

 

En savoir plus sur Alain Brunache…

 

Laisser un commentaire